XVe siècle
L’adoption du gouvernail d’étambot augmentant la capacité de
charge, il sera nécessaire d’augmenter la propulsion. Comme
il ne convient pas d’augmenter la hauteur et la surface de la
voile unique jusqu’alors, pour ne pas en compromettre la stabilité,
on ajoute au mât unique un mât de trinquette (à l’avant)
et un mât de misaine (à l’arrière). Ce nouveau gréement entraînera
une notable amélioration sur le plan de la gouvernabilité
du bateau, en soulageant la pression sur le gouvernail avec le
réglage correct des voiles. Dans la seconde moitié du XVe
siècle, on voit commencer à s’implanter le mode d’assemblage
des bordés à franc-bord, qui représente un changement radical
dans la manière de concevoir et construire des bateaux. Au
dé-part, on l’emploie uniquement sur la partie immergée de la
coque. Mais graduellement, ce mode d’assemblage remplace
complètement la construction à clin. A ce stade, on abandonnera
l’arrière aux formes arrondies, pour le remplacer par
l’arrière plat ou à tableau, beaucoup plus facile à construire.
93. Ex-voto qui se trouve dans l’église San Pedro à Zumaia. Il représente
la victoire des navires de Juan Martínez de Mendaro sur les
flottes portugaise et génoise en 1475, dans le détroit de Gibraltar.
94. Sur le retable de Sainte Ursule de l’église de Cubells, peint par Joan
Reixach en 1468, et sur le modèle de la cogue de Mataro, on peut
observer que le gréement à un seul mât est toujours conservé, au milieu
du XVe siècle, dans cette région de la Méditerranée. Néanmoins, l’un et l’autre possèdent des éléments de construction similaires au Zumaia.
L’image du retable montre dans le détail la morphologie de l’arrière, que
l’on ne distingue pas suffisamment dans le tableau de Zumaia. Si l’on
observe la proue, la cogue de Mataro la montre très semblable à celle
du Zumaia.
Sur le bordage votif du Zumaia, on n’observe pas le relief caractéristique
des planches assemblées à clin. Il est possible que le
Zu-maia fût l’une des premières nefs construites à franc-bord; cependant,
nous ne pouvons l’affirmer puisque, même sur les représentations
de bateaux à clin, ce relief n’est pas toujours représenté.
Toutefois, c’est vers cette époque que l’on commence à réaliser les
coques de construction mixte : oeuvres vives à franc-bord et oeuvres
mortes à clin. C’est le cas de l’épave découverte à Cavalaire
(France). © José Lopez
Cubellseko elizako Santa Ursularen erretaulan, Joan Reixachek pintatu zuen
1468an, eta Mataroko kokaren modeloan, ikus daiteke ezen, XVe siècleren erdialdean,
artean mantentzen zutela masta bakarreko aparailua Mediterraneoaren
inguru honetan. Alabaina, ontzi biotan Zumaia ontzikoaren antzeko eraikuntza
elementuak daude. Erretaulako
irudiak zehaztasun handiz
e-rakusten du poparen morfologia,
Zumaiako koadroan behar
bezala ikusten ez den bitartean.
Brankari dagokionez,
berriz, Mataroko koka Zumaia
ontziarenaren oso antzekoa
da.
100. © José Lopez
Cogue de Mataro (“Coca de Mataro”) du milieu du XVe siècle.
Il s’agit d’un ex-voto. C’est le modèle le plus ancien de bateau
européen qui soit conservé. Il est exposé dans les collections permanentes
du musée Maritime Prins Hendrik à Rotterdam. © José Lopez
Image tirée de l’ex-voto qui représente le Zumaia, navire amiral
de la flotte de Martínez de Mendaro. Nous pouvons observer, fidèlement
reproduits, le mât de trinquette et les deux misaines qui
accompagnent le grand mât. Ces éléments sont pleinement fonctionnels
après un processus évolutif qui se sera développé au cours
du siècle. Le château d’avant prend des proportions plus conséquentes.
Il devient parfaitement intégré dans la structure de la coque, tout
comme le gaillard d’arrière. Tous ces éléments paraissent avoir pour
objet de rechercher un renforcement de ces éléments afin de répondre
aux besoins militaires de l’époque. Nous pouvons observer que
le Zumaia dispose d’une artillerie montée sur le plat-bord de pavois
et de lances dans la hune. –Misaines. –Trinquette. © José Lopez
L’arrière à tableau augmentera la capacité de charge. © José Lopez
Sur cette illustration de 1471, on remarque un discret mât de
trinquette, mais à l’arrière on ne distingue pas encore le mât de
misaine. Ces mâts se développeront pour devenir une partie essentielle
du gréement. L’adoption des voiles de trinquette et de misaine
permettra d’augmenter la surface de voilure sans élever le point
vélique, et donc sans compromettre la stabilité du bateau. © José Lopez
Le gréement se diversifie, avec trinquette, misaine et grandvoile.
Les oeuvres mortes prennent du volume en raison de
l’augmentation de la jauge, ou capacité de charge. © José Lopez