La voile au tiers
La voile au tiers provient à l’origine de la voile carrée. Elle s’en
distingue par sa forme trapézoïde et par sa fixation au mât au
tiers de la longueur de la vergue, au lieu de l’être au milieu
comme pour la voile carrée. La voile au tiers fut développée
afin de déplacer le centre de voilure vers l’arrière du bateau, de
manière à favoriser la navigation au près ou en remontant contre
le vent. Il s’agit d’un type de voile qui se situe entre la voile
carrée et la voile latine triangulaire, combinant les avantages
de l’une et de l’autre, mais sans pâtir outre mesure de leurs
inconvénients. La voile au tiers sera très largement utilisée dans
le golfe de Biscaye et sur son pourtour. Mais les experts en
situent l’origine sur la côte basque. Ce gréement ne sera pas
implanté sur les bateaux de navigation au large. Majoritairement
utilisé, on le retrouvera presque exclusivement parmi les
bateaux de pêche côtière, tout au moins à partir du XVIe siècle.
Modèle de traînière avec les voiles au tiers. © José Lopez
Distribution géographique des différents types de voiles. Voile
latine en Méditerranée, voile carrée dans le nord, au-delà de la
Manche, et voile au tiers dans le golfe de Biscaye. © José Lopez
Batel handia Basanoaga naviguant au près. La construction de
répliques de navires traditionnels permet de redécouvrir la manière
de naviguer à la voile des pêcheurs basques d’antan. © José Lopez
Chaloupe baleinière Beothuk naviguant au vent arrière sur la
côte ouest de Terre-Neuve. L’étude archéologique entreprise sur
l’épave de la chaloupe naufragée du XVIe siècle, à Red Bay, tend
à indiquer que ces bateaux basques étaient gréés de voiles au
tiers. © José Lopez
Une étude comparative des embarcations à voile en pays basque
nous indique que le bord supérieur des voiles était horizontal,
jusqu’au second tiers du XXe siècle. Par la suite, il tend à s’élever,
probablement sous l’influence des grands canots pour la pêche à la
bonite, à pont étanche. Imposé par les autorités maritimes, ce type
de pont entravait le réglage de l’inclinaison du grand mât vers
l’arrière. Finalement, on plaça le mât verticalement; cependant,
pour compenser la déplacement consécutif vers l’avant du centre
de voilure, on éleva considérablement la vergue, de manière à
obtenir une voile plus aérodynamique pour profiter des vents contraires.
Lemak.
© José Lopez
© José Lopez
© José Lopez
© José Lopez
© José Lopez
© José Lopez
Potina de la fin du XIXe siècle répondant au nom d’Arditurri,
naviguant à la hauteur de Haizabia, à Hendaye. La carène des
navires basques, à très faible tirant d’eau et dont la contre-dérive
est réduite en raison de son adaptation à l’aviron, n’est pas la plus
adéquate pour naviguer contre le vent. Cette carence est compensée
dans une certaine mesure par un gréement bien calculé, avec
son centre de voilure relativement bas et déplacé sur l’arrière. © José Lopez