Trincadura
Le déclin de la marine de guerre au XIXe siècle favorise
l’emploi de petits bateaux. Au cours de la première guerre
carliste, les canonnières joueront de fait un rôle très actif. Ces
chaloupes militaires dont les coques sont fabriquées selon la
technique d’assemblage à clin ou “à trincadura”, comme on a
fini par l’appeler sur la côte atlantique de la péninsule, prendront
tout naturellement cette dénomination au Pays basque.
Avec la ré-quisition des chaloupes de pêche traditionnelles en
temps de guerre, lesquelles au demeurant se révèleront supérieures
aux traditionnelles vedettes militaires, se créera rapidement
une nou-velle ‘trincadura à franc-bord’, sans que l’on se
soucie outre mesure de la contradiction terminologique. Cette
embarcation sera employée pendant quelques décennies pour
la surveillance des côtes et le sauvetage en mer. La trincadura,
conçue pour la vitesse, non soumise aux contraintes imposées
par la pêche et le transport de marchandises, représenta probablement
l’apogée de la technologie maritime des petites
embarcations cô-tières du Pays Basque.
“ Embarcations fortes mais assez fines de formes, bien construites,
bien voilées, et qui se comportent très bien à la mer " (Dictionnaire
de la Marine à Voile, 1856). © José Lopez
Les chaloupes militaires étaient les seules de notre littoral qui
fussent construites à clin au XIXe siècle. Cette caractéristique est
devenu leur signe d’identité, au point que la communauté des gens
de mer de ce pays ont fini par les appeler trincadura. Plus tard, les
vedettes autochtones à franc-bord prendront la même dénomination
quand il s’agira de leur fonction militaire. © José Lopez
Trincadura de Bayonne, à Pasaia, venant apporter son soutien
aux forces libérales au cours de la première guerre carliste. Elle est
armée de plusieurs pièces d'artillerie, dans ce cas de pedreros ou mortiers lançant des boulets, fixés à la lisse. © José Lopez
Cette image nous permet d’apprécier dans le détail le gréement
de cette trincadura. On peut observer qu’elle porte la grand-voile
accompagnée d’un hunier, et que les manoeuvres dormantes sont
bien détaillées avec leurs drisses, martinets et haubans volants. © José Lopez
Plan de voiles d’une trincadura du XIXe siècle, donné par le
marquis de Folin au Vice-amiral Paris pour son ouvrage “Souvenirs
de Marine". © José Lopez
De caractéristiques similaires aux lanchas fleteras et aux canots
de pêche, les trincaduras étaient plus fines dans leurs proportions,
pour leur permettre d’aller plus vite et d’intercepter le navire ennemi.
© José Lopez