Chaloupe baleinière
La chaloupe baleinière figure sur les sceaux de Hondarribia,
Bermeo et Biarritz aux XIIIe et XIVe siècles. On prend ainsi la
mesure de l’ancienneté de la chasse à la baleine sur nos côtes.
Les Basques utilisaient le harpon, une technique qui obligeait
à se rapprocher à quelques mètres du cétacé. Ce qui témoigne
du courage et de l’adresse des membres d’équipage, mais également
de la rapidité et de la grande manoeuvrabilité du
bateau. Grâce aux chaloupes baleinières basques du XVIe
siècle, mises au jour et étudiées à Red Bay, nous savons dans
le détail comment étaient les embarcations qui incarnèrent l’un
des chapitres les plus épiques de l’histoire maritime universelle.
Il s’agit d’une embarcation polyvalente, employée aussi
pour la pêche à la sardine, avec filet maillant, et pour la pêche
à la morue, dans l’Atlantique nord.
Types de chaloupes baleinières. Basque, XVIe siècle. New
Bedford, XVIIIe siècle. Açores, XIXe siècle. © José Lopez
Morue de Red Bay. © José Lopez
“Beothuk” est une réplique de la chaloupe baleinière de Red Bay,
construite par l’association du patrimoine maritime Albaola au Centre
de recherche et de construction de bateaux traditionnels Ontziola, à Pasaia. Ce bateau, réalisé à partir des plans fournis par Parcs Canada, fut
utilisé lors d’une expérience d’archéonavigation sur les côtes de Terreneuve
en 2006. Ce qui donna lieu à un périple de plus de 2 000
kilomètres, de Québec jusqu’à Ted Bay, en descendant l’estuaire du St
Laurent. Le bateau administra la preuve de son excellent comportement
en mer pendant l’expédition. Au XVIIe siècle, l’explorateur français
Champlain recourut largement à ce type de bateau pour explorer les
rivières du Canada. Nous possédons également la preuve de son utilisation
par différentes tribus amérindiennes de Terre-neuve et de
Nouvelle-Angleterre. © José Lopez
Reproduction du sceau de Hondarribia, 1266. Les sceaux de
Bermeo et de Biarritz nous montrent des scènes identiques. On observe le
même type de bateau; les extrémités en sont fines et prononcées tandis
que la partie visible de la coque est construite à clin. Jusqu’au milieu du
XVIe siècle, cette embarcation recevra le nom de galion. A partir de ce
moment, peut-être en raison de l’adoption de la construction à franc-bord
pour les oeuvres vives, on commence à le désigner sous le terme de chaloupe. © José Lopez
Baleine franche, baleine basque, baleine de Biscaye ou baleine
des Basques sont quelques-uns des noms employés pour désigner
Eu-balaena glacialis. Ici représentée à la même échelle que les chaloupes. © José Lopez
Linteau d’une maison dans la rue Azara à Zarautz qui présente une
autre scène de chasse à la baleine. L’enseigne en pierre de taille nous
montre une chaloupe fort ressemblante à la chaloupe de Red Bay. On
peut voir que les deux virures supérieures de la coque, correspondant à
l’oeuvre morte, se superposent, tandis que la partie immergée est à francbord. Détail du linteau sur lequel on distingue nettement la baleine
harponnée de la chaloupe. © José Lopez
La chaloupe baleinière, au XVIe siècle, se trouvait à un stade très
abouti de sa conception. Elle sera d’ailleurs adoptée, dans les siècles
suivants, par d’autres cultures maritimes, qui en adapteront et conserveront
les caractéristiques générales. C’est le cas de la chaloupe baleinière
de New Bedford, connue dans le monde entier grâce au roman
Moby Dick. De son côté, la chaloupe américaine sera transformée localement
aux Açores pour la chasse au cachalot. On la trouvait encore
en usage au XXe siècle. A ce jour la baleinière des Açores perdure
comme embarcation de régate. Chaloupe baleinière basque du XVIe siècle, mise au jour dans la
baie de Red Bay, au Labrador, par les archéologues de Parcs Canada,
lors de fouilles sous-marines sur les vestiges de l’embarcation de Pasai
Donibane, coulée en 1565. Il s’agit de la plus ancienne chaloupe
baleinière que l’on connaisse. On la trouve exposée dans le musée du
baleinier basque de cette localité : Lieu historique national du Canada
Red Bay. Longue de huit mètres pour deux mètres de large, elle est
construite en bois de chêne principalement. Le plus frappant dans sa
construction, c’est qu’on y retrouve intimement associés les deux
modes de construction : oeuvres mortes à clin et oeuvres vives à francbord.
Gréant deux mâts, trinquette et grand mât, elle était manoeuvrée
par six rameurs (dont le harponneur) sous les ordres du patron. © José Lopez
Banc de sardines. La chaloupe de Red Bay fut employée pour la chasse à la baleine.
Cependant, cela ne doit nullement nous faire penser qu’elle
correspond à une typologie exclusivement dédiée à cette activité. La
pêche à la morue avec hameçon était pratiquée dans ces eaux autant
par les pêcheurs basques embarqués dans des expéditions morutières,
que par les baleiniers dans les périodes creuses où la chasse à
la baleine le leur imposait. Sur la côte basque, outre l’activité baleinière,
la chaloupe était dédiée à la pêche à la baleine avec filet, et
probablement à d’autres modalités de pêche. © José Lopez