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La langue basque renait de ses cendres


La suppression des Fueros (1876) sert d'aiguillon à la tendance autonomiste favorable aux fueros. On voit monter l'intérêt pour l'histoire, la culture et la langue de la terre. Dans les quatre chefs-lieux du sud (dans la Vasconia péninsulaire) les gens se regroupent autour de ces activités. Des institutions fondamentales voient le jour comme Eusko Ikaskuntza – la Société d'études basques – et Euskaltzaindia –l'Académie de la langue basque–. Dans tous les territoires, la presse et la littérature en langue basque connaissent une époque florissante : du début du siècle à 1936 on ne compte pas moins de 300 éditions de livres publiés. C'est la Renaissance de la culture basque.

174. L'Europe tout entière traverse une phase de revendications et de changements politiques. 175. La semaine tragique à Barcelone. Huile de Ramón Casas, 1909. 176. Eusko Ikaskuntza –la Société d'études basques– voit le jour en 1918 par le désir exprès des autorités provinciales d'Araba, Bizkaia, Gipuzkoa et Navarre d'encourager la langue et la culture basques. Quand la guerre civile éclate en 1936, la vie culturelle basque s'en trouve paralysée. Eusko Ikaskuntza voit ses activités suspendues. Elle ne pourra les reprendre avant la fin de la dictature, en 1978. 177. Affiche du IIe Congrès d'études basques organisé à Pampelune par Eusko Ikaskuntza en 1920 et dédié à l'enseignement. 178. Carte de Jouzas Parsaitis (Jean Gabrys) montrant les langues parlées en Europe et leurs nations. Elle fut éditée à Lausanne en 1918 par l'Union des Nationalités, une organisation pour le droit à l'autodétermination des nationalités européennes. 179. Julián Gayarre (Erronkari, 1844-1890) reçoit la consécration en 1876 à la Scala de Milan en tant que meilleur ténor au monde. Distingué par d'innombrables récompenses et décorations au cours de sa carrière, il n'aura de cesse manifester et déclarer son amour pour l'euskara, langue qu'il parlait et qu'il écrivait. 180. Bidarrai. 181. En 1880, José de Manterola Beldarrain (Saint-Sébastien, 1849- 1884), écrivain, journaliste et professeur agrégé de lycée, crée la revue Euskal-Erria pour faire converger les efforts de presque tous les intellectuels basques de l'époque. Directeur de la Bibliothèque municipale, il publie son Cancionero Vasco Euskal-Erria en 1877, qui coïncide avec le mouvement de renouveau littéraire à Urrugne et à Sare. 182. L'euskara comptera des détracteurs dans les propres rangs des intellectuels basques de l'époque. Miguel de Unamuno (Bilbao 1864-1936), écrivain et bascophone, n'affirmait-il pas que : Ni le vascuence ni le catalan ne permettent de penser des choses élevées. Il faire en sorte que tout citoyen espagnol soit bien espagnol et, après, qu'il soit universel. 183. Le théâtre en langue basque se développe de 1876 à 1936, très lié au mouvement de défense de la singularité basque. Signalons au passage la figure de Toribio Alzaga (1861), qui se voit confier la chaire municipale de déclamation en euskara à la mairie de Saint-Sébastien, la revue Antzerti, les Journées du Théâtre basque (1934, 1935, 1936) organisées par Euskaltzaleak, les lectures théâtrales hebdomadaires sur Radio Donostiarra, et le théâtre ambulant de Manu Sota et Lauaxeta dans les localités de Bizkaia. 184. L'Académie de la Langue basque - Euskaltzaindia - est créée par décision du Congrès d'Eusko Ikaskuntza qui se tient à Oñati, en 1918. Elle commence à siéger en 1919, en se donnant pour objectif général de promouvoir une langue littéraire standard et de répondre à une meilleure connaissance, étude et divulgation de l'euskara. 185. En 1910, l'évêque de Vitoria, Monseigneur José Cadena y Eleta, signe une circulaire qualifiant la volonté de baptiser les enfants en euskara de dépravée, comme le demandent ceux qu'il préfère appeler pour sa part individus de ce Parti (Nationaliste basque). 186. Dans cette période, l'année 1921 marque l'apogée pour la publication de revues dont la floraison se prolonge jusqu'en 1930. De cette époque datent : Zeruko Argia (Pampelune, 1919), Euskera (Bilbao, 1920), Argia (Saint-Sébastien, 1921), Arantzazu (1921), Eusko Folklore (Saint- Sébastien, 1921), Eusko-Deia (1921), Kaiku (1921), Gure Misiolaria (1924) entre autres. En Pays basque nord également, les revues seront des plates-formes pour faire connaître les oeuvres de nombreux écrivains, comme dans Gure Herria (Bayonne, 1921). 187. En 1920 a lieu dans la salle du Coliseo Albia à Bilbao la première de l'opéra Amaya de Jesús Guridi, d'après le roman historique de Francisco Navarro Villoslada Amaya o los vascos en el siglo VIII (1879). Enracinée dans l'imaginaire populaire, l'oeuvre de fiction de l'écrivain originaire de Viana (1818) a fait d'Amaya un prénom féminin très répandu au Pays basque sud dans les dernières années. 188. Affiche de la reprise de l'oeuvre en 1987, en partenariat avec le gouvernement basque, de Xabi Otero. 189. Le théâtre Campos Eliseos à Bilbao entre dans l'histoire en tant que berceau de l'opéra basque. On y donne entre 1909 et 1910 la première de Maitena, d'Etienne Decrept; Mendi mendiyan d'Usan- dizaga; Lide ta Ixidor de Santos Intxausti ou Mirentxu, de Jesús Guridi. 190. A la fin du XIXe siècle, la bourgeoisie basque en pleine ascension se sent l'âme européenne et se prend d'intérêt pour les avantsgardes artistiques du moment. De l'impressionnisme au cubisme, les peintres de l'époque - Zubiaurre, Arrue, Guiard ou Arteta - montrent un pays éminemment rural et les classes populaires. Ils portent également sur leurs toiles les grands changements sociaux de l'é- poque. Oeuvre de Jose Arrue.
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